Combien de fois dans notre quotidien, utilisons-nous la formulation « ne … pas » ? Il est intéressant aussi de prendre conscience du nombre de fois où vos interlocuteurs l’emploient. Vous serez vite submergés par les : « je ne sais pas… », « je ne peux pas… », « je ne veux plus… », « je n’ai pas le temps … », « ne fais pas … », « il ne faut pas… », « tu ne dois pas… ».
À moins d’utiliser la formulation négative de manière très subtile et dans quelques cas précis[1], elle est bien la pire des formulations à employer si l’on veut se mettre en action, se faire entendre ou bien atteindre un objectif.
Si je vous dis « Ne pensez pas à votre téléphone portable »… À quoi pensez-vous ? Bien sûr à votre téléphone portable…
De même, si je vous demande de me dessiner quelqu’un « qui ne marche pas ». Vous serez dans l’impossibilité de le faire. Nous pouvons dessiner une personne qui fait quelque chose, mais pas un individu qui ne fait pas quelque chose.
Le fonctionnement de notre cerveau est tel qu’il lui est impossible de se représenter l’image d’une négation. Afin de faire le choix d’agir ou de ne pas agir, de réaliser une action, notre cerveau a besoin d’une consigne dite « réalisable » et de consignes formulées positivement pour pouvoir induire ensuite des ordres à notre corps et réaliser des actions.
Paradoxalement, si l’on vous demande de « ne pas faire quelque chose », dans la majorité des cas vous obéirez quand même, car vous comprenez toutefois le message, mais votre cerveau substituera une action positive à mettre en œuvre par exemple : « Ne traverse pas, le feu piéton n’est pas vert ! » le cerveau passera par un mode traduction : « ne pas traverser » deviendra « s’arrêter ».
Lorsqu’il s’agit pour nous-mêmes d’un objectif de vie ou de modifier un mécanisme, cela est beaucoup plus laborieux et difficile comme « je ne veux plus me laisser avoir », « je ne veux plus fumer » ou « je ne veux plus vivre d’émotions négatives ». Au lieu d’avoir des actions concrètes comme « quand je suis sollicité, je prends le temps pour y répondre » ou bien « quand je ressens l’envie de fumer, je prends un substitut à la nicotine ». Notre cerveau cherche à traduire parfois en vain et souvent mal à propos, l’action à mettre en place.
De la même manière, notre cerveau ajoute, complète, interprète, substitue et réorganise les informations, mais il ne les enlève pas. Combien de personnes avons-nous entendues dire : » qu’elles ne veulent plus être malheureuses ou qu’elles ne veulent plus avoir de problèmes d’argent ou de couple et passent la majeure partie de leur temps à se plaindre et à ruminer. Dans ce cas précis, notre cerveau ne connaissant pas la « négation » construit un schéma corporel et mental correspondant à ce que l’on « ne veut pas », ainsi l’organisme conditionné par ces pensées négatives, induit un état d’être et des comportements qui conduisent à ce que tout s’adapte à cet état. La nature concourt à ce qu’elle se réalise et le simple fait de vouloir s’y opposer conduit à récolter ce que l’on a semé : le conflit avec l’autre et/ou contre soi-même. Prendre conscience et du recul ainsi que lâcher-prise [2] c’est apprendre à composer plutôt qu’à s’affronter et résister.
S’exercer à formuler de manière positive peut-être utile aussi bien dans notre vie professionnelle que personnelle :
- dans le management d’équipes lors de la transmission des consignes ou des attentes.
- avec les enfants en remplaçant les classiques comme « ne tombe pas » par « regarde ou tu mets les pieds ».
- ...tant d’autres.
D’où l’importance d’identifier les « ne… pas » dans votre quotidien et de les remplacer par une formulation positive. Vous constaterez que dans bon nombre de cas, la tâche peut s’avérer difficile dès qu’il s’agit de pensées ou d’actions qui vous tiennent à cœur et des liens relationnels plus ou moins impliqués avec notre interlocuteur. Mais cet exercice peut débloquer de nombreuses situations et résoudre bien des problèmes.
[1] Il est possible en utilisant une formulation négative d’induire une consigne au cerveau de son allocutaire et de faire passer un message positif comme par exemple : « ce n’est pas le produit miracle… » utilisé en technique de vente.
[2] Au sens d’abandon du contrôle de sa vie et de la vie des autres, résultant en un bien-être.